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Histoire du Mokume-gane

Le Mokume-gane est une technique qui a été développée il y a environ 400 ans, au début de la période Edo au Japon. On peut dire qu’il y a deux périodes de développement pour cette technique ; une période à ses début dans le Japon féodal et l’autre à la fin du XIXe siècles avec sa découverte par les occidentaux et son étude scientifique dans les années 1970 et 1980 par les américains Hiroko Sato Pijanowski et Eugene Michael Pijanowski. Je ne parlerai pas de cette dernière période dans cet article, me contentant de la période plus historique.

Le Mokume-gane au Japon

Historiquement, on considère Shoami Denbei (1651-1723) comme le premier à avoir fusionné des métaux non ferreux et créé le guribori et le mokume-gane. Forgeron reconnu, il a vécu la majeur partie de sa vie, soutenu par le seigneur féodal Satake, dans la préfecture d’Akita, au nord ouest du Japon. Il a d’abord appelé sa nouvelle technique guri bori, parce qu’elle permet l’obtention de motif ressemblant au guri ou Tsuishu, une technique de laque rouge sculptée originaire de Chine.

Le Guribori, serait donc le premier mokume-gane. C’est une technique de métallurgie qui consiste à superposer des métaux non ferreux de différentes couleurs. En gravant des arabesques et spirales profondes, l’artisan fait apparaître les belles couches de métaux. Le travail le plus ancien de Shaomi connu est le Kozuka (garde d’épée ou Tsuba), où est utilisé un stratifié d’or, d’argent, de shakudo et de cuivre.

Traditionnellement, le mokume-gane était fabriqué dans une petite cage au sein d’une forge à charbon. Les différents métaux superposés sont soudés par diffusion en phase liquide, c’est à dire proche de la température de fusion. Ensuite, le feuilleté est martelé pour obtenir une plaque résistante qui sera utilisé selon le besoin de l’artisan.

Les premiers artisans japonais utilisaient principalement les métaux suivant : shakudo, shibuichi, cuivre, argent et or. Ces métaux sont faciles à lier, très malléables et produisent une large gamme de couleurs avec le Rokusho (révélateur de patine) .

Il est évident que cette invention du mokume-gane est le fruit d’une grande connaissance de la métallurgie des artisans japonais de cette période, connaissance transmise de maître à apprenti pendant des générations.

La différence entre le Guribori et le Mokume-gane est que le guribori est une plaque stratifiée gravée, les différentes couleurs apparaissent en sillon, alors que le mokume peut être gravé et forgé, faisant apparaître les motifs sur une surface homogène, plate.

Le Mokume gane fut ensuite perfectionné tout le long de l’époque Edo, par de nombreux artisans tel que Takahashi Okitsugu et finalement, en raison de l’édit Haitôrei en 1876, édit interdisant la possession d’armes, la tradition des techniques Mokume-gane a évolué et pour certaines temporairement disparues. Mais pas oublié par les historiens et spécialistes japonais, qui par leurs écrits et expositions, les ont fait découvrir aux occidentaux et au monde.

Le Mokume-gane en Occident

La seule technique historique développée indépendamment en Occident, similaire au mokume gane, est connue sous le nom de Plaque Sheffield. On dit que ce procédé a été inventé accidentellement par le coutelier Thomas Boulsover, de la Sheffield’s Cutlers Company, en 1743, à Sheffield en Angleterre.

Cette découverte, permet de fabriquer une plaque de cuivre entre deux fines plaques d’argent. Les plaques Sheffield ont été fabriquées en grande quantité pendant plus d’un siècle pour la fabrication d’argenterie.

Bien que l’assemblage des métaux dans Sheffield Plate soit très similaire au mokume, il est important de noter que cela a été fait dans le seul but d’économiser l’argent et ainsi réduire le coût de fabrication de l’argenterie pour sa commercialisation. Tous les efforts ont été déployés lors de la fabrication et de la conception des articles Sheffield Plate pour garantir que le noyau interne en cuivre ne soit pas visible dans la pièce finie. Alors que le mokume-gane a été spécifiquement utilisé pour exploiter pleinement les motifs visuels rendus possibles par l’utilisation d’un stratifié multi-métal.

On sait aussi que la marque Tiffany a créé une superbe oeuvre en Mokume pour l’Exposition universelle de 1889 à Paris. Edward Moore, le directeur artistique de Tiffany, était responsable de cette pièce ainsi que des autres en Mokume. En effet, lorsque le Japon a rouvert ses échanges avec l’Occident au cours de la dernière moitié du XIXe siècle, de nombreux objets d’art ont été produits pour l’exportation, dont certains contenant du Mokume Gane. Celles-ci ont apparemment fasciné Moore qui était déterminé à ce que leur atelier produise un travail similaire. Moore n’avait aucun moyen de savoir que les couches de Mokume Gane japonais étaient liées ensemble sans utilisation de soudure. D’après ce que j’ai lu, tous les mokume de Tiffany ont été fabriqués par soudure, on le voit par les piqûres et délaminages caractéristiques de cette méthode sur leurs pièces. Cela étant dit, le travail qu’ils ont créé, sont étonnants et leur promotion de la technique a sûrement joué un rôle important en plantant des graines dans l’esprit des métallurgistes américains près d’un siècle plus tard.

Pour écrire cet article je me suis inspiré des écrits de Steve Midget « Mokume Gane, the comprehensive study » et « Textbook of Mokume Gane » de Masaki Takahashi

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