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La Chambre Blanche & Antoine Puygrenier : un duo en or !

Voilà plusieurs années que je connais Julie Boyer, ce qui était une idée au départ est devenue réalité depuis le 1 octobre 2024:

La collection joaillerie de La Chambre Blanche est née!

J’ai eu l’occasion de travailler pour beaucoup de créatrices mais c’est la première fois où le mot collaborer à vraiment un sens. Non seulement l’univers de Julie me touche ; la finesse et l’élégance de son travail, mais c’est surtout sa personnalité, attentive et généreuse, qui a fait que cette collection a pu avoir lieu. En effet, nous avons travaillé main dans la main, Julie a apporté les idées en terme de forme et design et elle m’a laissé les interpréter.

Je vous laisse découvrir ses 3 univers : l’atelier Mariage, l’atelier Bijoux du quotidien et l’atelier Joaillerie sur le site de La Chambre Blanche.

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Pince à cravate Abeille Argent Mokume-gane et émail à chaud

Ce juillet j’ai eu la chance de pouvoir aller au Japon, à Miyoshi préfecture d’Hiroshima pour des raisons familiales. J’en ai profité pour honorer une commande passée il y a déjà quelques années par la famille Murakami; une pince à cravate en lien avec les ruches et les abeilles pour porter lors de salons d’apiculteur.

Les ruches de la famille Murakami sont dispersées dans l’Honshu en fonction des transhumances. J’ai pu aller en visiter quelque unes, ça a été une riche expérience. Je vous mets quelques photos pour les amateurs de ruche!

Pour ceux qui veulent en savoir plus, voila leur site https://www.murakami-beefarm.com/ ou leur instagram @murakami.bee_farm

La pince à cravate est en argent émaillé, juste le corps de l’abeille est en mokume gane argent palladium.

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Expérience de fabrication dans l’atelier d’un coutelier

J’ai eu la chance d’être accueilli quelques heures dans l’atelier de Bruno Cappuccio à Poleymieux au Mont d’or. Nous avons fabriqué une plaque de mokume-gane avec du très beaux matériels de professionnels, rien à voir avec celui de mon atelier; en effet moi je travaille petit et là les perspectives sont vraiment différentes et nombreuses.

En tout cas, ça a été un vrai succès, avec une facilité déconcertante!

Nous sommes partis pour cette première tous les deux, sur 13 couches de cuivre et 12 couches de laiton de 0.5mm d’épaisseur, le feuillet a été chauffé dans un four à gaz.

Pour le motif, nous avons en toute simplicité utilisé une plaque soudées de billes en inox. Cette plaque a été compressée sur le feuillet de mokume pour imprimer les motifs à l’aide d’une presse. Une fois les billes imprimées et donc le cuivre et laiton emboutis, nous avons fraisé rectifié le surplus de métal et en planifiant les motifs sont apparus.

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Cloche à vent ou « furin » japonaise en dinanderie

Depuis un bout de temps je souhaitais me mettre à la dinanderie, le mokume-gane et la dinanderie ou chaudronnerie sont indissociables. Il est vrai que le résultat est incroyable!

Mais pour cela, il me fallait du matériels de dinandier, et il y a 1 mois, j’ai eu la chance de l’acquérir grâce à un coutelier qui avait ça dans son atelier depuis 40 ans. Maintenant je débute, alors j’ai commencé par un petit objet en mokume gane cuivre laiton de 6 cm de diamètre et 4 cm de hauteur : une clochette, type cloche à vent japonaise dit furin. Au moins je pourrais la mettre à ma fenêtre à Lyon 🙂

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Pour commencer, qu’est ce que la dinanderie et d’où ça vient?

Alors le mot dinanderie vient du nom de la ville de Dinant en Belgique qui fut, avec Liège, et l’ensemble de la vallée de la Meuse au Moyen Âge un centre florissant du travail du cuivre et du laiton. La dinanderie désignait alors la fonte du laiton alors qu’aujourd’hui ce mot désigne l’art de battre le métal, essentiellement le cuivre mais aussi l’étain, le maillechort, le laiton et de lui donner forme au marteau pour créer des objets décoratifs et fonctionnels. L’origine de battre le metal remonte à l’Antiquité, où les artisans travaillaient le métal pour fabriquer des ustensiles de cuisine, des armes et des objets rituels. Au fil du temps, la dinanderie s’est développée en tant qu’artisanat d’art, avec des techniques sophistiquées de martelage, de ciselure, de gravure et du mokume-gane.

En France, la dinanderie a une longue tradition, notamment dans les régions de Normandie, de Bretagne et de Provence. Les artisans dinandiers français ont produit des pièces remarquables qui ont été exportées dans le monde entier. Les objets dinandiers français sont souvent ornés de motifs floraux, géométriques ou historiques.

Dans le monde, la dinanderie est également pratiquée dans de nombreux pays, chacun ayant ses propres traditions et styles. Par exemple, au Maroc, la dinanderie traditionnelle est caractérisée par des motifs complexes et colorés, tandis qu’au Japon, la dinanderie est influencée par le style wabi-sabi, l’esthétique minimaliste et la simplicité zen et peut utiliser comme métal du mokume gane (cuivre, argent…). En Iran, la dinanderie est un art ancien qui remonte à l’époque des Perses, et qui se caractérise par des motifs floraux et des incrustations de turquoise.

Les objets dinandiers sont utilisés à la fois à des fins décoratives et fonctionnelles. En plus des ustensiles de cuisine et des objets ménagers, la dinanderie est également utilisée pour créer des lampes, des vases, des bijoux et des pièces décoratives pour la maison.

En gros, la dinanderie est un art ancien qui a une longue tradition en France et dans le monde et qui se renouvelle au fil des siècles. Bien que ça soit un artisanat fastidieux, les artisans dinandiers ont un grand savoir-faire et leur créativité, et les objets qu’ils produisent sont des témoins de leur talent et de leur passion pour le métal.

Pourquoi j’ai commencé par une cloche et non un bol?

J’ai découvert ces carillons lors de mon premier voyage au Japon, j’aime le bruit apaisant qu’elle produise lorsqu’il y a du vent et ça faisait longtemps que je voulais en faire une!

Je promets de faire un bol dans pas longtemps.. parce que j’aime les bols aussi.

Alors les cloches ou carillons à vent japonaises, ou furin (風鈴) sont généralement fabriquées en verre, en bambou ou en métal, et sont suspendues à l’extérieur des maisons, des temples ou des jardins. Les furins sont conçus pour produire un son apaisant lorsque le vent les fait bouger, créant ainsi une atmosphère de tranquillité et de sérénité.

L’origine des cloches à vent japonaises remonte à l’époque de l’ancienne Chine, où elles étaient utilisées comme talismans pour éloigner les mauvais esprits et apporter la bonne fortune. Au Japon, les furin ont été introduits à l’époque de l’ère Edo (1603-1868) et sont devenus populaires en tant qu’éléments décoratifs pour les maisons et les jardins.

La signification des cloches à vent japonaises varie en fonction des croyances et des traditions locales. Pour certains, les furin symbolisent la légèreté et la liberté, tandis que pour d’autres, ils représentent la purification et la protection contre les forces malveillantes. Dans la culture japonaise, le son des cloches à vent est souvent associé à la saison estivale, apportant une sensation de fraîcheur et de bien-être pendant les chaudes journées d’été.

En conclusion, les cloches à vent japonaises, ou furin, sont des objets décoratifs traditionnels qui ont une signification profonde dans la culture japonaise. Leur origine remonte à l’ancienne Chine, et depuis, ils sont devenus des symboles de tranquillité et de sérénité pour de nombreuses personnes au Japon, dans le monde et en France.

J’espère que vous avez aimé lire cet article, comme moi j’ai pris plaisir à taper au marteau sur mon bloc de mokume, pour fabriquer cette belle cloche qui sonne bien au vent!

J’ai écrit cet article à partir des informations trouvées sur internet..

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Participation au 3e édition des Rencontres Arts et Métiers d’Art de Saint Priest

Dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art, les 6 et 7 avril 2024, je serais à l’Espace Mosaïque, 47 rue Aristide Briand, Saint-Priest . Je présenterai les différentes techniques de bijouterie et fabriquerai un bijou sur place. Vous êtes les bienvenues, c’est la première fois que je sors de mon atelier à Lyon!

Pour plus d’information sur la participation à Saint Priest de Tagane mokume-gane cliquez sur le lien 🙂

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Fabrication d’une plaque de Mokume gane Cuivre laiton Maillechort

Je vous présente ici une série de photos montrant l’évolution de l’élaboration d’une plaque de mokume constituée de 22 couches, soit 10 couches de laiton, 2 de maillechort et 9 de cuivre.

Je suis donc parti d’un bloc de 4.5cm de coté et d’une épaisseur de 1,4 cm et je l’ai forgé jusqu’à obtenir une plaque de mokume-gane de 3mm d’épaisseur. A partir de cette plaque, je vais pouvoir la réduire au laminoir de manière à obtenir une plaque bien plate et régulière. Généralement, j’utilise des plaques de 1mm d’épaisseur, mais tout dépend de l’utilisation. Toutes ces étapes de réduction se font au marteau.

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Histoire du Mokume-gane

Le Mokume-gane est une technique qui a été développée il y a environ 400 ans, au début de la période Edo au Japon. On peut dire qu’il y a deux périodes de développement pour cette technique ; une période à ses début dans le Japon féodal et l’autre à la fin du XIXe siècles avec sa découverte par les occidentaux et son étude scientifique dans les années 1970 et 1980 par les américains Hiroko Sato Pijanowski et Eugene Michael Pijanowski. Je ne parlerai pas de cette dernière période dans cet article, me contentant de la période plus historique.

Le Mokume-gane au Japon

Historiquement, on considère Shoami Denbei (1651-1723) comme le premier à avoir fusionné des métaux non ferreux et créé le guribori et le mokume-gane. Forgeron reconnu, il a vécu la majeur partie de sa vie, soutenu par le seigneur féodal Satake, dans la préfecture d’Akita, au nord ouest du Japon. Il a d’abord appelé sa nouvelle technique guri bori, parce qu’elle permet l’obtention de motif ressemblant au guri ou Tsuishu, une technique de laque rouge sculptée originaire de Chine.

Le Guribori, serait donc le premier mokume-gane. C’est une technique de métallurgie qui consiste à superposer des métaux non ferreux de différentes couleurs. En gravant des arabesques et spirales profondes, l’artisan fait apparaître les belles couches de métaux. Le travail le plus ancien de Shaomi connu est le Kozuka (garde d’épée ou Tsuba), où est utilisé un stratifié d’or, d’argent, de shakudo et de cuivre.

Traditionnellement, le mokume-gane était fabriqué dans une petite cage au sein d’une forge à charbon. Les différents métaux superposés sont soudés par diffusion en phase liquide, c’est à dire proche de la température de fusion. Ensuite, le feuilleté est martelé pour obtenir une plaque résistante qui sera utilisé selon le besoin de l’artisan.

Les premiers artisans japonais utilisaient principalement les métaux suivant : shakudo, shibuichi, cuivre, argent et or. Ces métaux sont faciles à lier, très malléables et produisent une large gamme de couleurs avec le Rokusho (révélateur de patine) .

Il est évident que cette invention du mokume-gane est le fruit d’une grande connaissance de la métallurgie des artisans japonais de cette période, connaissance transmise de maître à apprenti pendant des générations.

La différence entre le Guribori et le Mokume-gane est que le guribori est une plaque stratifiée gravée, les différentes couleurs apparaissent en sillon, alors que le mokume peut être gravé et forgé, faisant apparaître les motifs sur une surface homogène, plate.

Le Mokume gane fut ensuite perfectionné tout le long de l’époque Edo, par de nombreux artisans tel que Takahashi Okitsugu et finalement, en raison de l’édit Haitôrei en 1876, édit interdisant la possession d’armes, la tradition des techniques Mokume-gane a évolué et pour certaines temporairement disparues. Mais pas oublié par les historiens et spécialistes japonais, qui par leurs écrits et expositions, les ont fait découvrir aux occidentaux et au monde.

Le Mokume-gane en Occident

La seule technique historique développée indépendamment en Occident, similaire au mokume gane, est connue sous le nom de Plaque Sheffield. On dit que ce procédé a été inventé accidentellement par le coutelier Thomas Boulsover, de la Sheffield’s Cutlers Company, en 1743, à Sheffield en Angleterre.

Cette découverte, permet de fabriquer une plaque de cuivre entre deux fines plaques d’argent. Les plaques Sheffield ont été fabriquées en grande quantité pendant plus d’un siècle pour la fabrication d’argenterie.

Bien que l’assemblage des métaux dans Sheffield Plate soit très similaire au mokume, il est important de noter que cela a été fait dans le seul but d’économiser l’argent et ainsi réduire le coût de fabrication de l’argenterie pour sa commercialisation. Tous les efforts ont été déployés lors de la fabrication et de la conception des articles Sheffield Plate pour garantir que le noyau interne en cuivre ne soit pas visible dans la pièce finie. Alors que le mokume-gane a été spécifiquement utilisé pour exploiter pleinement les motifs visuels rendus possibles par l’utilisation d’un stratifié multi-métal.

On sait aussi que la marque Tiffany a créé une superbe oeuvre en Mokume pour l’Exposition universelle de 1889 à Paris. Edward Moore, le directeur artistique de Tiffany, était responsable de cette pièce ainsi que des autres en Mokume. En effet, lorsque le Japon a rouvert ses échanges avec l’Occident au cours de la dernière moitié du XIXe siècle, de nombreux objets d’art ont été produits pour l’exportation, dont certains contenant du Mokume Gane. Celles-ci ont apparemment fasciné Moore qui était déterminé à ce que leur atelier produise un travail similaire. Moore n’avait aucun moyen de savoir que les couches de Mokume Gane japonais étaient liées ensemble sans utilisation de soudure. D’après ce que j’ai lu, tous les mokume de Tiffany ont été fabriqués par soudure, on le voit par les piqûres et délaminages caractéristiques de cette méthode sur leurs pièces. Cela étant dit, le travail qu’ils ont créé, sont étonnants et leur promotion de la technique a sûrement joué un rôle important en plantant des graines dans l’esprit des métallurgistes américains près d’un siècle plus tard.

Pour écrire cet article je me suis inspiré des écrits de Steve Midget « Mokume Gane, the comprehensive study » et « Textbook of Mokume Gane » de Masaki Takahashi

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Les alliages japonais: le shibuichi, le shakudo et le shiro-shibuichi.

Les alliages de cuivre shibuichi, shakudo et shiro-shibuichi sont utilisés traditionnellement dans l’art et l’artisanat au Japon depuis des siècles. Ces alliages sont appréciés pour leur beauté, leur durabilité et leurs propriétés uniques.

Le shibuichi est un alliage de cuivre et d’argent, généralement composé de 25% d’argent et de 75% de cuivre. Il est connu pour sa couleur gris-argenté et sa belle patine à l’usure.

Le shakudo est un alliage qui combine de l’or (2,5 à 5%) et du cuivre (97,5 à 95%). Il est utilisé pour sa couleur noir profond qui peut être accentuée par l’utilisation de patine. Le shakudo est souvent utilisé dans la fabrication d’objets décoratifs tels que les gardes des katana (tsuba), des vases…

Tableau de comparaison de couleur provenant du livre: Masaki Takahashi « textbook of mokumegane » 2009 NPO Japan Mokumegane Research Institute, p112

Le shiro-sibuishi, contrairement au shibuishi, est un alliage contenant une plus grande quantité d’argent (60% d’argent et 40% de cuivre). En japonais « shiro » signifie « blanc », ce qui fait référence à la couleur plus claire de cet alliage par rapport au shibuichi traditionnel. Le shiro-shibuichi est un alliage qui allie la beauté de l’argent et la durabilité du cuivre, offrant avec le temps une patine apprécié par les artisans japonais.

Il existe d’autre alliage japonais comme le shiro-shibuishi skakudo qui est un alliage combinant du shibuichi et le shakudo et de l’argent. Il offre une palette de couleurs allant du gris au noir en passant par des nuances de brun et de pourpre, ce qui en fait un alliage très prisé pour la fabrication d’objet.

Tous ces alliages japonais shibuichi, shakudo, shiro-shibuichi, shiro-shibuichi shakudo sont des matériaux fascinants qui ont joué un rôle important dans l’artisanat japonais traditionnel. Leur utilisation exige un savoir-faire important pour valoriser tout le potentiel esthétique que permet leur patine.

Si vous souhaitez aller plus loin sur leur patine, vous pouvez vous procurer le livre de Eitoku Sugimori « Japanese Patinas »

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Fabrication d’une bague en Mokume -gane

Jusqu’à présent, à part le premier article de ce blog, réalisation de deux alliances en argent palladium, publié en 2019, je n’ai mis aucune photo de fabrication. Pourtant pour chaque alliance réalisée, j’envoie à chaque fois aux commanditaires les photos du suivi de fabrication.

Je vais donc y remédier en vous montrant les différentes étapes de fabrication de l’alliance postée début décembre 2023, l’alliance forme « wavy shape » en argent et or rouge 18k.

Le mokume-gane est au départ un lingot. Ce lingot est un feuilleté formé de la superposition des différentes plaques d’alliage souhaité. Par exemple, dans notre cas le feuilleté est composé de 6 couches d’or rouge, intercalé de 5 plaques d’argent.

La fabrication du mokume-gane comporte toujours les mêmes étapes, la première, la plus importante est le nettoyage des plaques à superposer. Cette étape est très importante, parce que la saleté entre les plaques empêche la soudure par diffusion des alliages. La soudure par diffusion se fait sans apport de brasure, ce sont les atomes des métaux à souder (argent, or) qui vont se lier entre eux. C’est pourquoi, la surface de contact entre couches doit être la plus grande pour favoriser la rencontre des atomes!

Contrairement au damas où les plaques d’acier sont soudées en surface par apport de matières puis forgées, pliées, forgées, etc… le feuilleté de mokume gane est soudée au début de la fabrication et ensuite il faut le travailler très doucement parce que les liaisons par diffusion entre alliages sont très fragiles et peuvent se rompre à tout moment.

plaque or rose argent mokume gane japon fabrication
Plaques d’argent et d’or rouge nettoyées

Pour la soudure par diffusion, il existe plusieurs méthodes. Ici je vous mets deux photos, une illustrant la méthode où le lingot est fabriqué directement à la flemme du chalumeau et une autre, où le lingot est tenu entre deux plaques d’acier puis chauffées au four. Dans le cas de la fabrication de cette alliance, j’ai utilisé la technique du chalumeau.

Une fois que le lingot est formé, que les plaques semblent soudées entre elles, que tout semble bien. Viens l’étape de laminer le lingot et de voir si les étapes de nettoyage et de soudure par diffusion se sont bien passées.

C’est à cette étape que me viennent les sueurs froides. Effectivement plusieurs heures de travail, ainsi que les métaux formant le lingot peuvent être gâchés si le lingot de mokume gane vient à se délaminer. Ça m’est souvent arrivé!

Quand le lingot, arrive à une certaine taille je vais percer, limer et torsader le bloc de façon à faire ressortir les différentes plaques du feuilleté de mokume gane. Évidement cette étapes dépends de l’effet que l’on souhaite obtenir. Pour information, l’apparence noire du lingot sur certaines photos provient de l’oxydation dûe au recuit des métaux, c’est-à-dire du fait de chauffer les métaux pour les rendre plus mous et éviter qu’il se délamine.

Dans le cas de la bague forme « wavy shape » en argent et or rouge 18k , voila ce que ça donne.

alliance de mariage avant mise a taille or rouge mokume gane
Bague or rouge argent mokume gane

La bague, une fois soudé, est ensuite mise dans un bain d’acide, histoire qu’elle retrouve sa belle couleur or. Puis elle est formée, arrondie, mise à taille, limée, émerisée et polie. C’est prêt!

J’espère que cet article vous a éclairé sur la fabrication d’une bague en mokume-gane. Comme vous pouvez le voir et j’insiste beaucoup la-dessus; tous les bijoux réalisés en mokume-gane sont fait mains et sont uniques.

C’est comme avec les empreintes digitales, en apparence c’est pareil mais en réalité c’est propre à chacun 🙂 .

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L’Artisanat dans le Mingei

Je souhaitais écrire un article dans ce blog sur le mouvement Mingei. C’est un mouvement que j’ai découvert en me retrouvant à Paris au moment de l’exposition «L’esprit Mingei au Japon» au Quai Branly en 2008-2009. J’étais à ce moment-là un jeune bijoutier monté à Paris pour être au cœur de la bijouterie-joaillerie française. Lors de l’exposition, j’ai découvert Yanagi Soetsu, fondateur du mouvement Mingei. Par la suite, c’est le Japon, dont le mouvement Mingei est originaire, que j’ai découvert par ma future épouse.

Le mouvement Mingei est un mouvement artistique japonais du début du 20éme siècle. Le terme Mingei undō, peut être traduit par le « mouvement de l’art populaire ». Son fondateur, Yanagi Soetsu (1889-1961) est un intellectuel de son époque, sinophone, anglophone et germanophone entre autres, il a été témoin des grandes idées et des grands bouleversements idéologiques, économiques et sociaux de la première partie du 20ème siècle.

Comme le mouvement Arts and Crafts, qui lui est antérieur, ou le Bauhaus, qui lui est contemporain, le mouvement Mingei est inscrit dans la mouvance de sauvegarde des traditions et de préservation de l’artisanat face à l’industrialisation, l’uniformisation et le matérialisme. Il voulait lutter contre la froideur de la perfection de l’objet industriel par la chaleur de l’irrégularité humaine. Pour cela, il se proposait de construire des objets imaginatifs, communautaires et populaires. Il se distinguait par son manque d’intérêt pour la technique et les arts qu’il considérait aristocratiques.
Il a su, en recherchant dans l’esthétisme traditionnel japonais et les valeurs du bouddhisme zen, apporter une
synthèse entre l’Orient et l’Occident. Aidé en cela par l’absence au Japon de dualité entre artisan et artiste comme en Occident, il a pu facilement apporter la notion de fonctionnalité dans sa vision de l’art.

Son livre « Kogei no mochi » publié en 1927-1928, traduit par « la voie de l’artisanat » , est devenu en quelque sorte un point de référence pour tout ceux qui s’intéressent à l’artisanat populaire au Japon et a impulsé le mouvement Mingei. Son mouvement a fortement contribué à la création de la notion de trésors national vivant au Japon (loi de 1950). Cette notion a fortement influencé en France la création en 2005 du titre d’entreprise du patrimoine vivant.


Mes connaissances du mouvement Mingei viennent de l’ouvrage de Elisabeth Frolet, « Yanagi Soetsu ou les éléments d’une renaissance artistique au Japon », La Sorbonne. 1986, qui reste une référence sur le mouvement Mingei à l’heure actuelle. Pour ma part, je suis régulièrement inspiré par la relecture de cet ouvrage et des extraits de livres de Yanagi Soetsu qui y sont cités.

Le mouvement Mingei m’a fortement intérrogé sur mon rôle d’artisan et le rôle de mon artisanat dans la société actuelle.

Ce qui me parle dans le Mingei, c’est la place qui est donnée à l’artisan et à l’artisanat : l’artisan fournit au peuple des objets d’artisanat utiles et accessibles et pourvus d’un esthétisme simple tout en exprimant sa sensibilité. Dans le Mingei, l’artisan n’est donc pas un individu cherchant à tout prix l’individualité et l’originalité : il peut ou peut ne pas devenir original au fil des années en perfectionnant son geste et en aiguisant sa sensibilité.

Je trouve que cette approche peut être résumée par une phrase de Yanagi Soetsu citée par Elisabeth Frolet: «Les chefs-d’œuvre ne sont plus uniquement le fait d’artistes célèbres, mais d’artisans anonymes fidèles à leurs traditions et sans aspiration ni au génie ni à l’originalité.»

Je pense que cette pratique du métier a été la mienne pendant ces 19 dernières années : travailler pour les autres, apprendre le métier, rester anonyme, avec des gestes répétitifs pour essayer d’atteindre une perfection du geste et non le génie ou l’originalité. C’est ce qui m’a permis de devenir bijoutier à part entière, de maîtriser les techniques nécessaires et d’acquérir l’expérience et la maturité pour fabriquer les bijoux les mieux possibles. Cette pratique a aussi ses limites, en particulier l’usure du corps et son impossibilité de faire tout le temps les mêmes gestes, à l’inverse des machines. Mais c’est aussi l’expérience qui m’a appris à écouter mon corps !

Les années de métier me permettent désormais de passer à une nouvelle étape de ma vie professionnelle : d’« ouvrier spécialisé » à artisan-entrepreneur. Mais malgré tout, conformément au Mingei de Yanagi Soetsu , ce dont j’ai le plus envie, c’est de continuer à pratiquer inlassablement, me perfectionner encore dans le geste manuel et fabriquer de beaux bijoux.

Le Mingei m’inspire énormément et je trouve qu’il est très difficile de résumer cette pensée dans un article de blog sans en écrire trop, d’autant que je ne suis pas du tout un spécialiste. Si vous avez plus de ressources sur le sujet, ou si vous êtes un connaisseur en la matière, je serais ravi d’échanger et d’en apprendre plus avec vous !