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L’Artisanat dans le Mingei

Je souhaitais écrire un article dans ce blog sur le mouvement Mingei. C’est un mouvement que j’ai découvert en me retrouvant à Paris au moment de l’exposition «L’esprit Mingei au Japon» au Quai Branly en 2008-2009. J’étais à ce moment-là un jeune bijoutier monté à Paris pour être au cœur de la bijouterie-joaillerie française. Lors de l’exposition, j’ai découvert Yanagi Soetsu, fondateur du mouvement Mingei. Par la suite, c’est le Japon, dont le mouvement Mingei est originaire, que j’ai découvert par ma future épouse.

Le mouvement Mingei est un mouvement artistique japonais du début du 20éme siècle. Le terme Mingei undō, peut être traduit par le « mouvement de l’art populaire ». Son fondateur, Yanagi Soetsu (1889-1961) est un intellectuel de son époque, sinophone, anglophone et germanophone entre autres, il a été témoin des grandes idées et des grands bouleversements idéologiques, économiques et sociaux de la première partie du 20ème siècle.

Comme le mouvement Arts and Crafts, qui lui est antérieur, ou le Bauhaus, qui lui est contemporain, le mouvement Mingei est inscrit dans la mouvance de sauvegarde des traditions et de préservation de l’artisanat face à l’industrialisation, l’uniformisation et le matérialisme. Il voulait lutter contre la froideur de la perfection de l’objet industriel par la chaleur de l’irrégularité humaine. Pour cela, il se proposait de construire des objets imaginatifs, communautaires et populaires. Il se distinguait par son manque d’intérêt pour la technique et les arts qu’il considérait aristocratiques.
Il a su, en recherchant dans l’esthétisme traditionnel japonais et les valeurs du bouddhisme zen, apporter une
synthèse entre l’Orient et l’Occident. Aidé en cela par l’absence au Japon de dualité entre artisan et artiste comme en Occident, il a pu facilement apporter la notion de fonctionnalité dans sa vision de l’art.

Son livre « Kogei no mochi » publié en 1927-1928, traduit par « la voie de l’artisanat » , est devenu en quelque sorte un point de référence pour tout ceux qui s’intéressent à l’artisanat populaire au Japon et a impulsé le mouvement Mingei. Son mouvement a fortement contribué à la création de la notion de trésors national vivant au Japon (loi de 1950). Cette notion a fortement influencé en France la création en 2005 du titre d’entreprise du patrimoine vivant.


Mes connaissances du mouvement Mingei viennent de l’ouvrage de Elisabeth Frolet, « Yanagi Soetsu ou les éléments d’une renaissance artistique au Japon », La Sorbonne. 1986, qui reste une référence sur le mouvement Mingei à l’heure actuelle. Pour ma part, je suis régulièrement inspiré par la relecture de cet ouvrage et des extraits de livres de Yanagi Soetsu qui y sont cités.

Le mouvement Mingei m’a fortement intérrogé sur mon rôle d’artisan et le rôle de mon artisanat dans la société actuelle.

Ce qui me parle dans le Mingei, c’est la place qui est donnée à l’artisan et à l’artisanat : l’artisan fournit au peuple des objets d’artisanat utiles et accessibles et pourvus d’un esthétisme simple tout en exprimant sa sensibilité. Dans le Mingei, l’artisan n’est donc pas un individu cherchant à tout prix l’individualité et l’originalité : il peut ou peut ne pas devenir original au fil des années en perfectionnant son geste et en aiguisant sa sensibilité.

Je trouve que cette approche peut être résumée par une phrase de Yanagi Soetsu citée par Elisabeth Frolet: «Les chefs-d’œuvre ne sont plus uniquement le fait d’artistes célèbres, mais d’artisans anonymes fidèles à leurs traditions et sans aspiration ni au génie ni à l’originalité.»

Je pense que cette pratique du métier a été la mienne pendant ces 19 dernières années : travailler pour les autres, apprendre le métier, rester anonyme, avec des gestes répétitifs pour essayer d’atteindre une perfection du geste et non le génie ou l’originalité. C’est ce qui m’a permis de devenir bijoutier à part entière, de maîtriser les techniques nécessaires et d’acquérir l’expérience et la maturité pour fabriquer les bijoux les mieux possibles. Cette pratique a aussi ses limites, en particulier l’usure du corps et son impossibilité de faire tout le temps les mêmes gestes, à l’inverse des machines. Mais c’est aussi l’expérience qui m’a appris à écouter mon corps !

Les années de métier me permettent désormais de passer à une nouvelle étape de ma vie professionnelle : d’« ouvrier spécialisé » à artisan-entrepreneur. Mais malgré tout, conformément au Mingei de Yanagi Soetsu , ce dont j’ai le plus envie, c’est de continuer à pratiquer inlassablement, me perfectionner encore dans le geste manuel et fabriquer de beaux bijoux.

Le Mingei m’inspire énormément et je trouve qu’il est très difficile de résumer cette pensée dans un article de blog sans en écrire trop, d’autant que je ne suis pas du tout un spécialiste. Si vous avez plus de ressources sur le sujet, ou si vous êtes un connaisseur en la matière, je serais ravi d’échanger et d’en apprendre plus avec vous !

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Tagane, l’échoppe japonaise!

Comme je l’ai expliqué dans la partie « A propos », Tagane est un nom générique d’outil qui peut être traduit par « burin ». En bijouterie française et européenne, les burins sont classés en trois catégories: les onglettes, les échoppes et les gouges. Chaque catégorie correspond à un coupant différent et donc à des utilisations différentes. Les burins sont utilisés en gravure et en sertissage, emmanchés dans des manches plus ou moins longs et utilisés à « la force du poignet ». Par contre, au Japon, les graveurs et sertisseurs gravent ou sertissent avec des tiges d’acier affutées – les tagane ! – directement avec l’aide d’un marteau. Ils travaillent les métaux mous (argent, or) de la même façon que les métaux durs (fer). Seule la force donnée au marteau varie. Il existe de nombreux types de tagane et de marteaux de formes et de poids différents en fonction de chaque utilisation.

échoppes burins tagane japon gravure à main bijouterie
mélange de Tagane et burins pour la gravure
marteaux japonais pour la gravure tagane bijouterie
différents marteaux utilisés en bijouterie et gravure

Au Japon, la plupart des burins sont vendus à l’état brut, ce sont les graveurs et les sertisseurs qui fabriquent les outils dont ils ont besoin. Il existe donc un grand choix d’acier en carbone trempé (ao tagane) ou non trempé (aka tagane), de largeurs et grandeurs différentes. Chacun a son utilité et est adapté à la gravure désirée. Seuls les chokou tagane sont déjà prêts à l’emploi.

On peut trouver de nombreux types de supports possibles pour tenir la plaque ou le bijou à graver: un coussin de sable, un boulet de graveur, un étau à main, un manche en bois avec du ciment de sertisseur à l’extrémité pour fixer la pièce à graver… Vous pouvez voir dans les photos suivantes deux types de boulet de graveur: le premier, classique, en forme de boulet et le deuxième qui est fixé à une table.

différents type de support permettant de maintenir le bijoux à graver à main
Coussin, manche et support avec ciment de sertisseur

Voilà pour ce qui est des grandes lignes. N’étant qu’un amateur éclairé en matière de gravure japonaise, si vous voulez aller plus loin, je vous encourage à aller sur la chaine youtube de Imulta , chaine très pédagogique et il fait de superbes gravures! Il existe évidemment de nombreuses autres chaînes en ligne permettant de voir le travail de gravure japonaise.

Pour ceux qui aiment la gravure héraldique et ornementale faite en France, je vous mets également le lien du graveur Thomas Brac de la Perrière. Très beau travail à voir et à s’offrir!

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Poinçon de garantie mixte or et argent

Tous nos ouvrages fabriqués en Mokume gane or / argent ont le poinçon de garantie sanglier et aigle en plus de notre poinçon de maître, si:

– l’ouvrage contient au moins 3 grammes d’or et dont l’argent est égal ou supérieur à 3% du poids de l’ouvrage

– l’ouvrage contient au moins 30 grammes d’argent et dont l’or est supérieur à 3% du poids de l’ouvrage.

Les deux métaux doivent conserver leur couleur primitive.

La France utilise ce poinçon tête de sanglier/tête d’aigle depuis 1905. Ces ouvrages mixtes en or et argent sont nommés « ArgOr ».

Poinçon garantie sanglier et aigle, mixte argor mokumegane
poinçon de garantie sanglier et aigle